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A Taïwan, une littérature florissante au service du « soft power » de Taipei

« Un homme dos à la mer », de Wang Wen-hsing, aujourd’hui traduit en français, participe d’une déferlante littéraire qui, en quelques décennies, s’est signalé par une grande diversité de voix.

Par  (Pékin, correspondant)

Publié le 29 juin 2022 à 16h00, modifié le 02 juillet 2023 à 11h44

Temps de Lecture 6 min.

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Dans la librairie Causeway Bay, à Taipei (Taïwan), en 2020.

Si Yé, le héros sans qualité du roman de Wang Wen-hsing, est « dos à la mer », Taïwan, elle, fait bel et bien face à la Chine. A longueur d’année, les chasseurs et les frégates de Pékin rôdent autour de l’île comme autant de prédateurs convaincus que la proie ne pourrait leur échapper. « Réunification avec la mère patrie », clame Xi Jinping, le président de la République populaire de Chine. Non, « annexion », répond la présidente taïwanaise, Tsai Ing-wen.

Pour se défendre, l’île dispose d’atouts non négligeables : le parapluie nord-américain, bien sûr, un système démocratique exemplaire, mais aussi une forte identité culturelle. Un « soft power » qu’il convient de ne pas sous-estimer – l’Ukraine le prouve chaque jour – et que Taïwan exploite à merveille. Symboliquement, à Tainan, une ville côtière située au sud-ouest de l’île, souvent présentée comme sa capitale culturelle, c’est dans un ancien centre logistique de l’armée de l’air qu’a ouvert, en 2003, le Musée national de la littérature taïwanaise. La défense de l’île passe aussi par le livre. Comme sa diplomatie. Une des fonctions du musée est de favoriser la traduction des œuvres nationales. « La littérature taïwanaise est désormais traduite dans au moins vingt pays. Cette initiative fait partie des efforts destinés à contrebalancer notre isolement diplomatique », explique Pei-Jung Lin, responsable de la littérature au sein du musée. « Rien qu’en français, dix à quinze titres sont désormais traduits chaque année. C’est considérable », souligne Pierre-Yves Baubry, fondateur en 2013 d’un blog qui fait référence : « Lettres de Taïwan ».

Taïwan jouit d’une identité multiple qui la rend unique

Il ne faut pas en déduire que la production littéraire de l’île place en son cœur la question de l’identité taïwanaise. Ce serait avoir des décennies de retard, selon Pei-Jung Lin : « L’identité est entrée dans les discours sur la littérature taïwanaise dans les années 1920, avec le mouvement “Littérature nouvelle”, et a refait surface dans les années 1940, 1970 et 1980. » L’île commémore d’ailleurs en ce moment le centenaire de la fondation de l’association culturelle taïwanaise dont la figure de proue, le poète Lai He, plaidait à la fois pour la création d’un parlement taïwanais – ce qui lui valut d’être arrêté – et un style littéraire taïwanais moderne.

Peuplée d’Austronésiens depuis plusieurs millénaires, de Chinois depuis le XIIIe siècle, de Hollandais depuis la fin du XVIe siècle, devenue province chinoise à partir de 1887, colonie japonaise de 1895 à 1945, puis, après la victoire communiste sur le continent, dernier bastion du Kuomintang, l’historique parti nationaliste chinois qui a soumis l’île à quatre décennies de loi martiale (de 1948 à 1987), et désormais îlot démocratique, Taïwan jouit d’une identité multiple qui la rend unique. La richesse de sa littérature, depuis la démocratisation du pays, en témoigne. « Tous secteurs confondus, il se publie 40 000 titres par an, contre environ 80 000 en France. C’est pas mal pour un petit pays de 23,5 millions d’habitants, non ? », fait remarquer l’éditeur Wu Kun-yung, dont la maison, Utopie, est spécialisée dans les sciences humaines et sociales.

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